Les activités humaines sont le principal facteur de l’érosion des sols dans les Alpes depuis 3800 ans
Cela est particulièrement crucial dans les zones montagneuses, où les taux d’érosion les plus élevés sont enregistrés. Le bassin versant du lac du Bourget, l’un des plus grands des Alpes européennes, est utilisé dans cette étude pour estimer quantitativement l’impact des activités humaines sur l’érosion. Sur la base de l’étude d’une carotte de sédiment de lac (prélevée grâce à la plateforme de carottage visible en Fig. 2), et en utilisant la géochimie isotopique via une approche « source-puits », il est établi que les effets des activités humaines sur l’érosion l’emportent sur ceux du climat depuis plus de 3800 ans.
Par ailleurs, l’analyse et l’agrégation des reconstructions paléo-environnementales régionales permettent de montrer que parmi toutes les activités humaines, le développement du pastoralisme en haute altitude à partir de l’âge du Bronze, et l’extension de l’agriculture à partir du Moyen Âge, ont été les deux moments clés de l’augmentation drastique de l’érosion observée dans les Alpes (Fig. 3).
Cette étude démontre aussi que même des activités agro-pastorales de faibles envergures comme celles de l’âge du Bronze ont pu avoir un effet direct et majeur sur l’érodabilité des sols. Développer des approches quantitatives similaires sur d’autres terrains de recherche permettrait de mieux évaluer l’ampleur spatiale de l’impact des activités humaines sur les sols et d’en affiner la temporalité. De telles études sont indispensables pour tester l’hypothèse d’un impact précoce à grande échelle des activités humaines sur l’environnement, remettant ainsi en question l’hypothèse selon laquelle l’Anthropocène commencerait avec la révolution industrielle.
Référence
Rapuc, W., Giguet-Covex, C., Bouchez, J., Sabatier, P., Gaillardet, J., Jacq, K., Genuite, K., Poulenard, J., Messager, E., Arnaud, F., 2024. Human-triggered magnification of erosion rates in European Alps since the Bronze Age. Nature communications, publié le 10 février 2023. https://doi.org/10.1038/s41467-024-45123-3
Contact scientifique local
– William Rapuc, Chercheur CNRS au laboratoire EDYTEM
Cet article a été publié par le CNRS-INEE.
[1] Laboratoires CNRS impliqués :
– De la Préhistoire à l’Actuel : culture, environnement et anthropologie (PACEA, CNRS/Ministère de la culture/Univ. de Bordeaux)
– Environnement dynamique et territoires de montagne (EDYTEM, CNRS / Univ. Savoie Mont Blanc), un laboratoire membre de la fédération OSUG
– Laboratoire Commun spectroscopie en phase solide pour le diagnostic environnemental (SpecSolE, Envisol – CNRS/Univ. Savoie Mont Blanc
– UMR Institut de physique du globe de Paris (IPGP-UMR, CNRS /Inst. physique du globe de Paris/Univ. Paris Cité)