Un tsunami préhistorique dans le lac d’Aiguebelette : l’intrigante découverte de chercheurs de l’USMB

Une étude menée par des chercheurs, notamment au sein des laboratoires Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne (EDYTEM-OSUG, CNRS/USMB), Laboratoire de Mathématiques (LAMA), et de l’institut des Sciences de la Terre (ISTerre-OSUG, CNRS/UGA/USMB/IRD/Université Gustave Eiffel), révèle pour la première fois un paléotsunami induit par un glissement sous-aquatique survenu il y a environ 11 700 ans dans le lac d’Aiguebelette, situé en Savoie.

En utilisant des techniques de stratigraphie sismique, de bathymétrie à haute résolution, des données issues de carottes sédimentaires et des modélisations informatiques, l’équipe de recherche pluridisciplinaire (géologie, mathématique appliquée) a retracé l’origine et les conséquences de ce glissement préhistorique. Les résultats indiquent que ce glissement pourrait avoir déclenché une vague de tsunami significative, fournissant ainsi de nouvelles perspectives sur la dynamique de tels événements géologiques dans les environnements lacustres, en particulier dans des zones à activité sismique renforcée par les changements climatiques induisant un recul des glaciers, il y a près de 12 000 ans.

Un paléotsunami découvert en Savoie

Le lac d’Aiguebelette est un lac préalpin formé suite au retrait des glaciers. Il est situé en Savoie, à une altitude de 373 mètres au-dessus du niveau de la mer. La Leysse de Novalaise est le principal affluent entrant dans la partie nord du lac. L’étude intitulée « Numerical Reconstruction of Landslide Paleotsunami using Geological Records in Alpine Lake Aiguebelette » porte sur la reconstruction numérique d’un paléotsunami causé par un glissement de sédiment subaquatique dans le lac d’Aiguebelette. Cet événement, datant d’environ 11 700 ans, a été découvert grâce à des relevés sismiques et bathymétriques haute résolution, ainsi
que des analyses sédimentologiques, géochimiques et magnétiques. Les chercheurs ont ainsi modélisé un paléotsunami d’une hauteur d’environ 3,5 mètres.

Reconstruction numérique d’un tsunami

Les chercheurs ont utilisé des modèles numériques pour simuler le mouvement de masse en utilisant le modèle rhéologique visco-plastique de Herschel-Bulkley et pour modéliser la vague de tsunami correspondante avec des modèles dispersifs et non-dispersifs « of shallow water type« . Les résultats montrent que les effets de dispersion sont négligeables dans le cas de glissements de sédiments subaquatiques dans un lac relativement petit. En reconstituant un événement de paléotsunami inédit en milieu lacustre, ce travail de recherche améliore la compréhension des risques géologiques historiques et futurs, en particulier dans des zones à activité sismique.

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Modélisation tsunami – Crédit Muhammad Naveed Zafar
Muhammad Naveed Zafar, doctorant à EDYTEM et au LAMA, à l’origine de la publication scientifique
Modélisation tsunami – Crédit Muhammad Naveed Zafar

Référence

Numerical Reconstruction of Landslide Paleotsunami Using Geological Records in Alpine Lake Aiguebelette. Muhammad Naveed Zafar, Denys Dutykh, Pierre Sabatier, Mathilde Banjan, Jihwan Kim. 27 May 2024, JGR Solid earth. DOI : 10.1029/2023JB028629

Contacts scientifiques locaux

 Muhammad Naveed Zafar, doctorant aux laboratoires EDYTEM et LAMA
 Pierre Sabatier, enseignant-chercheur USMB au laboratoire EDYTEM
 Mathilde Banjan, docteure aux laboratoires EDYTEM et ISTerre

Cet article a été initialement publié par l’Université Savoie Mont Blanc.