Les changements climatiques abrupts de la dernière période Glaciaire étaient synchrones
Etude publiée dans la revue Science
Publication dans Science (21 Août 2020) : Synchronous timing of past abrupt climate changes
Ellen C. Corrick, Russell N. Drysdale, John C. Hellstrom, Emilie Capron, Sune Olander Rasmussen, Xu Zhang, Dominik Fleitmann, Isabelle Couchoud, Eric Wolff
De nouvelles recherches ont révélé que les changements climatiques associés aux épisodes passés de réchauffement brutal au Groenland se sont produits de manière synchrone dans une région allant de l’Arctique aux régions subtropicales de l’hémisphère Sud.
L’étude, conduite par Ellen Corrick, doctorante en cotutelle entre l’Université de Melbourne et l’Université Savoie Mont Blanc, est publiée dans la revue Science. Elle révèle que ces épisodes de réchauffement étaient liés à des augmentations synchrones de la température en Europe continentale et à des modifications des précipitations dans les régions de mousson d’Asie et d’Amérique du Sud.
Certains des changements climatiques les plus importants et les plus abrupts du passé géologique récent de la Terre se sont produits pendant la dernière période glaciaire, entre 115 000 et 11 700 ans. Ces événements dits « de Dansgaard-Oeschger » ont été détectés pour la première fois dans des carottes de glace du Groenland au début des années 1980. Les mesures effectuées sur ces carottes indiquent que les températures de l’air au-dessus de la calotte glaciaire ont bondi de 8 à 16°C à plus de 25 reprises, parfois en l’espace de quelques décennies.
Pendant longtemps, les scientifiques se sont demandés si les changements climatiques dans l’Arctique, aux latitudes moyennes nord et dans les tropiques se produisaient simultanément, ou s’il y avait une avance ou un retard dans les réponses régionales. La résolution de ce problème s’est avérée difficile parce que des enregistrements précisément datés du climat passé sont nécessaires pour déterminer exactement quand les événements ont eu lieu, or de tels enregistrements sont relativement rares.
Ce travail de recherche a rassemblé 63 jeux de données climatiques provenant de stalagmites collectées en Europe, Asie et Amérique du Sud et représentant plus de 20 ans de recherches publiées par des équipes scientifiques du monde entier (Figure ci-contre).
Les stalagmites conservent des informations sur les températures et les précipitations régionales au cours de leur croissance (Figure ci-dessous). Elles peuvent être datées avec une grande précision, ce qui permet de comparer la chronologie des événements climatiques entre les archives de différentes régions.
Les résultats obtenus résolvent un dilemme de longue date au sein de la communauté paléoclimatique. Ils apportent la confirmation d’une hypothèse persistante mais, jusqu’à présent, non corroborée, selon laquelle les changements climatiques entre les tropiques et l’Arctique étaient synchrones.
Ces résultats fournissent également des informations importantes pour tester la physique du climat dans les modèles numériques utilisés pour prévoir les changements climatiques futurs. L’échelle de temps de la réponse globale simulée est cohérente avec les résultats des stalagmites. Cela donne du crédit à la capacité des modèles climatiques actuels à imiter la variabilité climatique interne associée aux changements climatiques abrupts.
Cette étude marque une avancée majeure en démontrant l’existence d’une synchronisation des événements de Dansgaard-Oeschger, ce qui permet d’améliorer la compréhension de la manière dont les événements se propagent à l’échelle mondiale via le système océanique et atmosphérique.